La ferme de Nicolas Maillard en quelques mots :
- Installé en 2015
- Ferme située à Fay-de-Bretagne sur le bassin de l’Isac
- En bovin viande avec 75 vaches allaitantes de race Charolaise,
- Jeunes animaux valorisés en broutard
- En conversion depuis 2023
- 1 UMO
- 108 ha de prairies, 15 ha de mélange céréalier et 6ha de méteil sous couvert de prairie
Pourquoi vouloir faire vieillir ses prairies ?
« Mon objectif dès l’installation a été de mettre en place un système tout herbe afin d’être autonome pour ne pas dépendre des marchés pour l’achat des intrants ». Malgré une installation des plus compliquée (liée notamment à un endettement trop élevé pour un système économe), Nicolas est en bonne voie pour atteindre ses objectifs. « Le passage en bio me permettra de toucher l’aide à la conversion afin d’être serein pour passer les deux prochaines années encore difficiles ».
Son système étant déjà herbager, la conversion n’implique pas de grand changement et lui permettra d’être totalement autonome en augmentant légèrement la surface de mélange céréalier. Bien faire vieillir ses prairies est pour lui essentiel pour poursuivre dans cette voie. « C’est un gain de temps et d’argent, à condition d’adapter la conduite aux objectifs fixés ».
Réussir l’implantation des prairies
Nicolas a observé que ses prairies « patinaient » au bout de quelques années avec la formation de « trous ». Dans ses premières années, il implantait des mélanges type suisse (raygrass anglais et hybride, trèfle blanc, fétuque élevée, luzerne, lotier et brome). Ces mélanges couteux ne le satisfaisaient pas. « J’ai décidé de refaire toutes mes prairies progressivement avec un mélange adapté à base de fétuque élevée (10kg), raygrass anglais (5kg en tardif, diploïde et tétraploïde) et de trèfle (5kg de blanc, 1kg violet et 1kg squarosum)».
En zone séchante, Nicolas va tenter d’implanter du dactyle en substitution du RGA, plus tolérante à la chaleur, mais nécessitant un pâturage intensif.
Pour garantir la réussite de l’implantation des prairies, il sème également un méteil sous couvert (15kg de Triticale/Avoine Fermier, 5kg Trèfle Squarrrosum/Micheli, 5kg Vesce velue et 15kg vesce commune) et en est très satisfait.
Faire réapparaitre le trèfle dans les vieilles prairies
« L’objectif est de maintenir une bonne productivité sur 10 ans ». Dans le cadre des journées d’échanges organisées par le Syndicat, un diagnostic prairial a été réalisé par le CIVAM sur une de ses parcelles de 4ha qui était envahie d’agrostis à plus de 90%. Pour lutter contre, l’exploitant a fait « raquer » la prairie par des vaches taries en période sèche pendant une quinzaine de jours en affourageant légèrement. « Elles ne voulaient pas manger au début, mais elles ont fini par ne plus avoir le choix ! ». L’opération a été renouvelée en octobre sur 10-15 jours. Résultat : le trèfle est revenu malgré une agrostis très présente grâce à la lumière permise par les 4 cm d’hauteur d’herbe de sortie. « La prairie a gagné un an, voire deux si elle répond bien cette année ».
Le diagnostic prévoyait également de chauler tous les 4 ans avec de la chaux humide.
Contenir les joncs dans les zones humides
Nicolas exploite 13 ha en zone humide, c’est plus de 10% de ses prairies. « Pour contenir les joncs, je fauche mi-juin et je fais rentrer ces parcelles dans le circuit de pâturage classique ». L’objectif est de limiter le développement des joncs en laissant les animaux consommer les jeunes pousses. Selon l’éleveur, grâce à ses zones humides, il gagne au moins une semaine de pâturage en début d’été par rapport aux parcelles plus séchantes. De plus, elles réagissent plus vites aux pluies d’été. Elles sont bien intégrées au circuit de pâturage des vaches et ne sont pas réservées aux animaux improductifs.
Et la suite ?
Nicolas envisage d’aménager des points d’eau dans le circuit de pâturage. « C’est un élément crucial pour gagner en temps et en confort de travail ». De plus, ses paddocks étant de tailles trop hétérogènes, l’éleveur souhaite réorganiser son parcellaire. De beaux chantiers en perspective !