En 2021-22, trois sujets concrets font l’objet de 4 ateliers de prospective
- Eau et urbanisme ; animé par Nicolas Douchin, animateur territorial en charge de l’accompagnement des collectivités
- Filière bois bocage ; animé par Thomas Jolly, animateur de bassin versant, responsable du pôle agriculture bocage
- Solidarité financière (petit et grand cycle de l’eau), animé par Michelle Darabi, directrice du Syndicat Chère Don Isac
En 2020, nous avions délimité le périmètre de notre prospective : « Quelle relation entre les usages de l’eau, du sol et de l’espace au sein du territoire Chère Don Isac à l’horizon 2035 ? »
Cette question entrant en résonance avec les nouveaux enjeux de la gestion locale des ressources pour autonomiser les territoires et favoriser leur adaptation.
Imaginer l’eau en 2035
Réunissant le mercredi 20 octobre 2021 50 participants autour de la question « Quelle mutation de l’eau, du sol et de l’espace sur le territoire Chère Don Isac en 2035 », l’atelier « Imaginer » a donné l’élan de la séquence prospective 2021-22 du syndicat.
Issus de toutes les énergies du territoire – État, élu.e.s des collectivités, habitant.e.s, opérateurs socio-économiques publics, associatifs ou privés – les acteurs de la prospective Chère Don Isac 2021-22 ont imaginé collectivement des futurs possibles – souhaitable ou non-souhaitable – mêlant récits, débats, arguments, contre arguments, volonté et vision commune.
Après l’introduction au sens de la démarche par Didier Pécot, président du syndicat, et un temps de rencontre et d’échange ludique, les participants, se sont répartis en 4 groupes, avec, pour objectif, la production d’un scénario d’avenir à l’horizon 2035.
S’appuyant sur l’imaginaire, la co-construction des idées et la méthode des scénarios prospectifs, chaque groupe a su faire preuve de sa capacité à produire en un temps court des récits d’avenir crédibles, imaginatifs et argumentés.
Ces récits divergents, contrastés mais tous possibles, ont permis de constater que si l’avenir n’est pas écrit à l’avance, l’imaginer ensemble a favorisé l’émergence d’une vision commune des futurs souhaitables ou non du territoire.
Convaincre
Convaincre à partir hypothèses fiabilisées par le nombre
L’atelier “CONVAINCRE : QUE S’EST-IL PASSÉ ? QUE SE PASSE T’IL ? QUE PEUT-IL SE PASSER ? ” s’est déroulé le 2 mars dernier à Beslé sur Vilaine, salle Jacques Brel.
La génération d’idées reçues, favorisée par le nombre a permis d’envisager des pistes d’actions à partir d’hypothèses fiabilisées par la diversité des points de vue, permettant ainsi de préparer l’atelier le 8 juin prochain et d’aller progressivement vers des futurs possibles et souhaitables, et des actions possibles à mettre en œuvre.
Favoriser le partage des connaissances
Atelier prospective « Fédérer » – 8 juin 2022, Saffré
L’objectif principal de cette ½ journée d’échanges collaboratifs était de favoriser le partage des connaissances pour aller vers des actions réalistes, grâce à l’éclairage par les facteurs de changement.
A la lumière des connaissances des participants et de la veille experte, cet atelier a permis de valoriser au sein des 3 groupes de travail (l’eau et l’urbanisme, la filière bois bocage et la solidarité financière du petit et du grand cycle de l’eau) les facteurs de changement qui impactaient les pistes d’actions issues de l’atelier précédent sur les idées reçues.
Chaque groupe a produit des connaissances sur les facteurs de changement sur le territoire en identifiant :
o Les signaux faibles
o Les ruptures possibles
o Les transformations
Les 3 groupes ont ensuite évalué et débattu ensemble sur ces facteurs de changement, ils en ont mesuré l’importance et la maîtrise à l’échelle du territoire pour des actions réalistes portées par des acteurs responsables.
Elaborer les scénarios du futur
Atelier prospective « Scénarios » – 7 septembre 2022, Guémené Penfao
L’objectif principal de ce dernier atelier prospectif était de préciser les actions dans le contexte d’un futur possible et souhaitable à l’horizon 2035 et de les introduire par des mini-scénarios d’un futur possible et souhaitable (un scénario par groupe). 27 personnes ont participé à l’atelier.
De l’imagination collective au partage de principes d’actions réalistes sur le territoire.
Le 20 octobre 2021, les participants de la démarche prospective initiée par le syndicat Chère Don Isac avaient imaginé les futurs possibles ET souhaitables du territoire.
Ils s’étaient interrogés sur les usages de l’eau, du sol et de l’espace à l’horizon 2035, un horizon suffisamment proche pour se situer assez rapidement dans le temps de l’action, et suffisamment lointain pour que l’imagination libère des forces du présent, des enjeux du moment. C’est la force de la prospective que d’éclairer un peu plus l’avenir, sachant que celui-ci n’est pas couru d’avance, et qu’il s’agit de ce fait de le construire collectivement ensemble.
Passant de l’imagination à l’interrogation de ce qui pourrait arriver, le 2 mars 2022, à Beslé sur Vilaine, les participants ont produit un grand nombre d’idées reçues sur les 3 axes de travail de la séquence prospective 2021-22. Cette génération d’idées reçues parmi d’autres, a permis de fiabiliser des hypothèses, non plus sur la seule imagination, mais sur la force du nombre et de la diversité des acteurs. Que s’est-il passé, que se passe t’il ? Passant des idées reçues à des pistes d’actions reposant sur des hypothèses fiables, les participants ont collectivement précisé le périmètre de leur étude prospective. Réalisée par les animateurs, Une veille prospective a ensuite enrichi les connaissances produites : que disent les experts et les acteurs des transformations en cours ? Que va-t’il se passer ?
Le 8 juin dernier, à Saffré, chaque groupe a étudié les transformations, les signaux faibles, les ruptures possibles pouvant impacter notre territoire, mais également apprécier la maîtrise que nous en avons à l’échelle de ce même territoire. Ces facteurs de changement sont venus éclairer les pistes actions, jusqu’à tendre vers des propositions portées par des acteurs responsables.
Le 7 septembre, à Guéméné Penfao, fidèle à l’objectif initialement retenu « partager des axes d’innovation et de cohésion dans la politique territoriale de l’eau » l’atelier scénario a permis dans un premier temps de prioriser sur les actions à renforcer ou à créer. En interrogeant les intitulés d’actions par la méthode des 5 pourquoi, les trois groupes en ont précisé les termes, les ingrédients (du futur) et les acteurs (qui fait le travail ? avec qui ?).
Compréhensibles par tous, ces propositions d’actions réalistes ont fait l’objet pour chaque groupe de scénarios d’un futur possible et souhaitable sur le territoire.
Les résultats
Voici les scénarios 2035 sur le territoire Chère Don Isac, élaborés collectivement le 7 septembre 2022, en fin de processus prospectif.
EN 2035…
Solidarité financière
Vers une résilience solidaire du territoire
En 2035 sur le territoire Chère Don Isac, les acteurs de l’eau (Syndicat Chère Don Isac, Eaux et Vilaine, les intercommunalités, les départements de la Loire-Atlantique et de l’Ille et Vilaine, Atlantic’Eau,…) ont amélioré la résilience du territoire et limité les effets du changement climatique grâce à la mise en œuvre d’une stratégie de solidarité et transversalité.
Ils se sont notamment mis d’accord pour mettre en place une taxe GEMAPI solidaire sur le territoire de la Vilaine ainsi qu’une contribution du petit cycle de l’eau aux actions du grand cycle de l’eau.
Cette solidarité territoriale bénéficie aux programmes du Syndicat Chère Don Isac et d’Eaux et Vilaine, qui ont fait l’objet d’une analyse coûts/bénéfices positive.
L’ensemble des politiques publiques des Intercommunalités et communes (aménagement, développement économique, habitat, mobilité, énergie, culture, tourisme,…) prennent en compte les enjeux de l’eau dans leurs documents d’urbanisme et leurs pratiques pour un usage équilibré de la ressource et pour la préservation des milieux aquatiques et du maillage bocager.
Eau & Urbanisme
En 2035, dans un contexte de changement globaux et de raréfaction de la ressource en eau, une prise de conscience collective fut nécessaire afin de s’adapter et d’atténuer ses effets. Désormais, l’eau et les facteurs environnementaux sont pris en compte dès la planification afin d’être intégrés dans les documents d’urbanisme. Les réglementations locales ont évolué :
- les eaux pluviales et de ruissellement sont infiltrées au plus près de leur zone de réception,
- des critères sont fixés et respectés pour favoriser la perméabilité des sols,
- l’équilibre espace vert/ espace urbanisé est renforcé en fonction des contextes locaux.
Les élus locaux ont impulsé une dynamique pour susciter un intérêt majeur autours des enjeux environnementaux. En milieux urbain et périurbain, des Atlas de Biodiversités Communaux sont réalisés, ce qui permet de faciliter l’appropriation des connaissances inhérentes au patrimoine naturel local par ses habitants.
La dynamique associative est renforcée sur le territoire pour accompagner les citoyens à la protection de l’environnement. L’ensemble de ce travail est le fruit d’une approche transversale et systémique entre les collectivités (EPCI, Communes, les acteurs de l’eau tels que le SCDI,…), les services de l’Etat, les professionnels de l’urbanisme et du paysage, les agences de l’Etat engagées pour la protection de l’eau et de la biodiversité, les associations et relais locaux ainsi que les habitants du territoire.
Filière Bois-Bocage
En 2035, la mise en œuvre de la filière Bois Bocage offre des débouchés aux produits issus de l’entretien des haies : bois-énergie, paillage, bois-œuvre, compost. Les différents acteurs du territoire (collectivités, agriculteurs, professionnels du bois, CUMA, associations telles que le CIVAM, Haie Fay Bocage, la Chambre d’Agriculture, etc.) se sont fédérés initiant une dynamique collective autour de ce projet. La valorisation économique des haies a permis de mettre en place des solutions innovantes pour l’entretien des haies qui représentait pour beaucoup d’agriculteurs et de collectivités une charge conséquente (financière et chronophage).
La réalisation de Plans de Gestion Durable des Haies et l’organisation de formations facilitent la (ré)appropriation de savoirs et savoir-faire pour gérer durablement les haies. Les actions de restauration du maillage bocager se poursuivent afin de renforcer le capital bocager.
Grâce aux actions de sensibilisation mises en œuvre auprès des citoyennes et citoyens ainsi qu’auprès des scolaires, une prise de conscience collective quant à l’importance de protéger et bien gérer le bocage s’opère. Le syndicat a renforcé ses missions d’accompagnement des collectivités en ce sens. Les nombreuses aménités apportées par le bocage (eau, biodiversité, énergie, stockage du carbone, climat, paysage, etc.) sont désormais largement reconnues et concourent à l’attractivité du territoire.
Les participants de l’atelier du 7 septembre ont rédigés et priorisés des principes d’actions, à suivre sur le territoire Chère Don Isac. Ils ont aussi défini la mise en oeuvre pratique de ces principes (tableaux détaillés disponibles dans le Bilan).
Principes d’actions pour l’Enjeu Eau et Urbanisme
Principes d’action élaborés collectivement le 7 septembre 2022 |
Susciter une prise de conscience pour un changement de comportement |
Infiltrer au maximum les eaux pluviales et de ruissellement à la parcelle |
S’assurer de la prise en compte de la préservation de l’eau dans la réglementation locale (PLU, PLUi, PLUiH) |
Renforcer l’équilibre espace vert/espace urbanisé en fonction du contexte local |
Réaliser des Atlas de Biodiversité Communaux |
Principes d’actions pour l’Enjeu Filière Bois Bocage
Principes d’action élaborés collectivement le 7 septembre 2022 |
Considérer la haie comme un élément qui concourt à l’attractivité du territoire |
Renforcer la protection du bocage |
Aller à la rencontre de différents acteurs pour recueillir des retours d’expériences positifs et négatifs |
Assurer une juste rémunération des agriculteurs et agricultrices et rémunérer le bois bocager |
Nouer des partenariats avec les acteurs de l’écotourisme |
Principes d’actions pour l’Enjeu Solidarité financière
Principes d’action élaborés collectivement le 7 septembre 2022 |
Faire contribuer le petit cycle de l’eau au grand cycle de l’eau |
Améliorer la transversalité entre les politiques publiques |
Lever une taxe GEMAPI de façon solidaire sur le territoire de la Vilaine |
Aller vers des actions et aménagements qui améliorent la résilience du territoire (génie écologique, solutions fondées sur la nature) |
Faire une analyse coûts/bénéfice des actions écologiques (visibilité économique) sur un territoire (EPCI, Bassin versant) |
« Pour ce qui est de l’avenir, il ne s’agit pas de le prévoir, mais de le rendre possible » (Antoine de Saint-Exupéry)